Une étude brise plusieurs idées reçues sur les Nima
Les non-issus du milieu agricole (Nima) auraient des parcours, des projets et des organisations davantage semblables au reste des nouveaux installés, révèle une étude.
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Et si les Nima étaient des agriculteurs comme les autres ? C’est la question à laquelle l’INP-Agro Toulouse a tenté de répondre dans une étude intitulée « AgriDinamo » commandée par le ministère de l’Agriculture. Si ces profils de personnes non-issues du milieu agricole (Nima), représentent une part plus importante des nouveaux installés en agriculture, ils ne seraient finalement pas si différents de leurs homologues issus du milieu agricole (Ima). Les auteurs l’affirment : cette étude « remet en cause l’existence d’une dualité entre exploitants issus et non issus du milieu agricole ».
4 catégories de structures agricoles
L’étude a d’abord dégagé 12 typologies d’exploitations accueillant ces nouveaux installés, elles-mêmes réparties en 4 catégories à partir des données du recensement agricole de 2020. Des catégories allant des plus petites structures jusqu’aux « firmes ». On y retrouve :
- Des « formes d’organisation capitalistiquement familiales et de travail à prédominante familiale » ;
- Les exploitations de « grandes céréalières capitalistiquement familiales, dirigées par un chef seul avec du salariat » ;
- Celles aux « formes complexes capitalistiquement familiales, mais avec une organisation du travail reposant sur une main-d’œuvre tendant à devenir majoritairement non familiale » ;
- Les « firmes spécialisées de production, capitalistiquement non familiales et reposant sur quasi-exclusivement du salariat ».
Des Nima sur tous types de structures
Enseignement notable de l’étude, « une proportion relativement élevée d’exploitants parmi les nouveaux actifs s’installent sur des structures « complexes » de taille moyenne à grande et très grandes ». Et les installés hors cadre familial sont représentés en nombre dans chacune des catégories, pas seulement sur les plus petites structures. Ils sont 55 % dans les exploitations allant de « moyenne » aux firmes avec un pic à 68 % dans la catégorie « firme fruitière/légumière, porcine ou viticole, non familiale », révèle l’étude.
« Alors que la littérature économique mentionne une installation privilégiée des Nima dans des fermes collectives ou sur de petites structures, ce résultat remet en cause ces conclusions et laisse à penser que certains Nima peuvent être porteurs de projets entrepreneuriaux différents », notent les chercheurs.
Geneviève Nguyen, responsable de l’étude, appelle toutefois à la vigilance dans l’appréhension de ces catégories de structure au regard de la complexification des entreprises agricoles. « Il faut être très prudent quant à l’interprétation lorsque nous travaillons avec des données individuelles. Elles sont parfois insuffisantes pour dessiner les contours de la structure des exploitations. »
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Une majorité de reconversions
Pour aller plus loin, l’étude s’est penchée sur des données dites qualitatives concernant des installations dans le Gard, la Lozère et l’Hérault. Plusieurs conclusions en ressortent. Concernant les Nima, l’étude confirme qu’ils sont « plus fréquemment que les autres des femmes, sans accès familial à la terre, entrées dans de petites structures en individuel et engagées dans des démarches de qualité avec commercialisation de leur production en circuits courts », observent les chercheurs.
Plus surprenant, « les nouveaux installés ont fréquemment des trajectoires de reconversion professionnelle et ont connu des périodes de salariat agricole antérieures à l’installation » et ce, peu importe leur origine agricole ou non. Au total, 80 % des nouveaux installés interrogés sont issus de reconversion.
Toujours au rayon des surprises, l’accès au foncier. « Une part non négligeable de Nima ont eu un accès familial à la terre, par un parent propriétaire foncier mais non agriculteur, tandis qu’un quart des Ima n’ont pas eu d’accès facilité par leur famille. » Ainsi, 20 % des Nima ont eu accès à la terre par le biais d’un parent propriétaire non-agriculteur, des grands-parents ou encore via la famille du conjoint.
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Dans leurs conclusions, les rédacteurs enjoignent à reconsidérer l’influence d’être Nima ou Ima dans l’installation. « C’est surtout la socialisation primaire avec le monde agricole (NDLR : l’apprentissage des normes et des valeurs agricoles en début de carrière), le développement d’une capacité entrepreneuriale et les ressources mises à disposition pour l’installation qui structurent les parcours. »
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